Yann Kaczmarek soutiendra sa thèse, sous la direction de P. Taranto le 19 décembre 2018 à 14h30 sur le sujet :
« Définition et vie des concepts : problèmes épistémologiques des normes juridiques »
Salle de colloque 2, bâtiment multimédia, AMU Site Schuman, Aix en Provence
Résumé :
Souvent abordé comme la manifestation de la logique interne au droit, le raisonnement juridique est un instrument essentiel à l’activité des acteurs juridiques. Son existence revêt, dans de très nombreuses théories du droit, l’aspect d’un présupposé. La forme sous laquelle s’objectivent les actes juridiques (jugements, contrats, lois, etc.), leur formulation syllogistique et le vocabulaire technique utilisé, semblent en prouver l’existence. Néanmoins, cette forme spécifique n’atteste pas que le raisonnement juridique est bien mobilisé dans l’activité psychique de l’individu au moment où celui-ci produit un acte juridique.
L’objectif de cette recherche est de tenter d’apporter la preuve que l’intuition qu’un raisonnement juridique existe est fondée et si tel est le cas de l’étudier dans l’activité concrète de l’individu. Pour se faire il est nécessaire de passer par deux étapes préalables. La première consiste à effectuer une analyse critique des théories positivistes du droit – notamment le normativisme de Kelsen, le réalisme modéré de Troper – à la fois d’un point de vue interne et d’un point de vue externe via les théories d’auteurs marxiens qui placent l’activité concrète de l’individu au centre de leur théorie – Pachukanis pour la théorie du droit et Sève pour une approche philosophique plus large –. Une fois ce travail réalisé, la deuxième étape tente d’établir un cadre théorique global de l’activité psychique de l’individu puis d’enchâsser cette théorie dans la sphère juridique. Les approches de Politzer et Tran Duc Thao permettent une telle compréhension de l’individu en intégrant les rapports dialectiques qui existent entre les représentations subjectives qu’il a de la réalité objective et le caractère objectif des concepts juridiques qui figent des représentations collectives abstraites dans un cadre se voulant a-temporel.
Ces deux grandes étapes assez générales et relativement éloignées de l’analyse de l’activité concrète de l’individu, fournissent un cadre théorique suffisamment détaillé pour identifier l’instrument le plus pertinent pour mener cette analyse : la carte heuristique. C’est par l’étude de l’objectivation, dans des cartes heuristiques, du raisonnement personnel de professionnels du droit résolvant un cas pratique, que cette recherche se conclue. Les résultats vont dans le sens d’une confirmation de l’hypothèse de l’existence et de la mise en œuvre d’un raisonnement juridique dans l’activité psychique de ces professionnels ; un retour critique sur cette recherche offre des pistes pour la prolonger dans études futures.