Séminaire « Biomorphisme ». Séance du 07 décembre 2017

 Biomorphisme et création artistique – Session 2

Automne 2017

Séminaire/workshop organisé dans le cadre du projet Biomorphisme. Approches sensibles et conceptuelles des formes du vivant

Organisation : Jean Arnaud, PR au Lesa ; Julien Bernard, MCF philosophe des sciences au Centre Granger ; Sylvie Pic, artiste

Salle des colloques 1 – RdC Bâtiment T1 -
Faculté des Arts, Lettres, Langues et Sciences humaines – Site Schuman
29 av. Robert Schuman 13100 Aix-en-Provence



 Thème général

Les formes du vivant et leur genèse sont à la fois un objet d’étude biologique, utilisant des théories physiques, chimiques et mathématiques (fractales, théorie des systèmes dynamiques, chimie organique, etc.), et un objet d’intérêt d’ordre sensible (formes animales et végétales, univers des métamorphoses, processus de croissance…). Un ensemble de pratiques modernes et contemporaines mettent en lumière les tensions internes qui se jouent dans le rapport du vivant à l’art sans opposer sensibilité et conceptualité, abstraction et figuration.

Le biomorphisme a abondamment influencé l’art au cours du XXe siècle, le terme entrant progressivement dans le vocabulaire esthétique. Il possède au départ des affinités avec le Surréalisme et l’Art Nouveau, sans désigner pour autant un groupement artistique structuré. Les pratiques biomorphiques sont aujourd’hui très différenciées, non seulement en fonction du médium utilisé par les artistes, mais surtout en fonction de leur point de vue sur les rapports entre arts, sciences et technologie. Ce séminaire-workshop de théorie / pratique entend préciser les enjeux conceptuels de ce type de démarches créatrices.

Dans chacune des quatre journées, un conférencier théoricien spécialiste traitera d’un sujet en lien avec le thème, et un artiste présentera son travail biomorphique ou effectuera une performance en lien avec le thème.

 Séance du Jeudi 7 décembre

  • 9-11 h : Peter BRIGGS

Artiste né en 1950 à Gillingham (Grande-Bretagne). Formation : Hornsey College of Art/Ecole des Beaux-Arts de Dijon/Université de Haute Bretagne. IleEnseignait la sculpture à l’école des Beaux-Arts de Tours de 1983-2016, au Mans et à Rennes de 1976-1983. Intervenant ponctuel à l’Ecole de Paysage de Versailles. Vit et travaille à Tours et Saint Pierre des Corps depuis 1983, ponctuellement à Delhi depuis 2000.

Considérations préalables : une approche générale du Biomorphisme

Il s’agit de traiter de la période qui précède l’annonce faite de Biomorphisme avec un B majuscule, d’envisager comment les artistes et autres penseurs ont pu, d’une manière indépendante, cerner les problématiques pour arriver à des conclusions ou intuitions similaires.

Ceci s’effectuera, à travers une ouverture à la théorie de l’empathie. Les processus d’incorporation et de projection paraissent se combiner au fur et à mesure que « nous nous transférons ainsi d’autant plus intensément à l’intérieur du phénomène : il s’agit donc d’un sentir direct et indirect en vue d’atteindre l’enesthésie [Einempfindung] ou l’empathie [Einfühlung][1] ». Il y a cependant une différence de degré entre enesthésie et empathie, car seule cette dernière « ressent [erfühlt] l’objet de l’intérieur (le centre de l’objet) vers l’extérieur (la forme de l’objet) ; alors que l’émotion directe et l’émotion indirecte (en tant qu’émotions attentives) procèdent de l’extérieur (la forme de l’objet) vers l’intérieur (le centre de l’objet, l’empathie), mais peuvent aussi bien négliger tout à fait l’intérieur de l’objet[2] ». Certains artistes, face à l’expérience de la nature et les formes naturelles, ont tenté non pas une forme de représentation, mais tenté une transcription (traduction graphique ou tri-dimensionnelle) de l’émotion suscitée par l’empathie.

En prenant l’exemple de Hans Arp, il sera question d’identifier des éléments formels, à travers la forme hybride en particulier, qui permettent un regard spécifique sur son travail de pionnier dans ce domaine, et de faire la part entre son apport et ceux de Henry Moore et de Barbara Hepworth.

Enfin, nous évoquerons la nature réflexive d’une sculpture tactile : en quoi le sens tactile irrigue et nourrit des interrogations issues de l’empathie, le tirant vers l’informe.

Le biomorphisme devient alors une manière de voir, un filtre, une grille d’analyse, une attitude.

  • 11-13 h : Luciano BOI

MCF à l’EHESS, Paris, philosophie des sciences. Il englobe dans sa réflexion aussi bien les mathématiques que la physique, la biologie et les arts plastiques. Il travaille sur les analogies et les différences profondes qui peuvent s’établir entre les productions d’art et les êtres vivants.

[1]. Robert Vischer, Über das optische Formgefühl., Ein Beitrag zur Ästhetik [Sur le sentiment optique de la forme], Leipzig, Hermann Credner, 1873, p. 23-24 ; trad. angl. « On the Optical Sense of Form : A Contribution to Aesthetics », in Harry Francis Mallgrave et Eleftherios Ikonomou (éds), Empathy, Form, and Space. Problems in German Aesthetics, 1873-1893, The Getty Center for History of and the Humanities, 1993, rééd. Santa Monica, 1994, p. 106. Nous renvoyons aussi à la traduction italienne d’Isabella Amaduzzi, souvent plus claire que la version anglaise : « Sul sentimento ottico della forma. Un contributo all’estetica », in Andrea Pinotti (éd.), Estetica ed empatia. Antologia, Milan, Edizioni Angelo Guerini e Associati, 1997, p. 118, trad. française Stefania Caliandro, « Empathie et esthésie : un retour aux origines esthétiques », Revue française de psychanalyse, 2004/3 Vol. 68, p. 796. DOI : 10.3917/rfp.683.0791. Article disponible en ligne à l’adresse :

http://www.cairn.info/revue-francai...

[2]. Ibid., p. 27 (trad. angl., p. 108 ; ital., p. 121) ; franç., p.796.


Pour en savoir plus...

Le projet
Le séminaire

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